Les études génétiques, dans le domaine littéraire, impliquent un déplacement considérable de l’attention à ce qui fait « oeuvre ». Contre les résistances théoriques à la critique génétique, qui se sont développées au nom de l’identité de l’oeuvre « en elle-même », l’interrogation sur les dispositifs et les dispositions de l’invention littéraire, sur les « lieux des oeuvres » que sont les manuscrits de travail, permet de mieux comprendre ce qui dans le travail des textes peut – ou non – « faire oeuvre ». L’article s’attache aux exemples historiques où la définition textuelle des oeuvres est problématique : oeuvres qui sont constituées de leur propre transformation (Montaigne, Balzac, Proust), oeuvres qui maintiennent leur existence dans l’espace de leur écriture (les « romans » manuscrits de Stendhal) ou dont la poétique recherche l’implication de possibles simultanés (Emily Dickinson, Beckett). Se pose ainsi la question de ce qui constitue la « décision » de l’oeuvre.