L’article remonte aux origines d’une vision de la littérature dont nous sommes encore aujourd’hui tributaires et qui intègre difficilement l’outil conceptuel du genre pour rendre compte des pratiques définissant le champ littéraire, de la critique des auteurs ou des représentations véhiculées par les personnages des oeuvres littéraires eux-mêmes. Un certain nombre de facteurs permettent de comprendre l’histoire de cette résistance corrélée à la naissance et au développement de l’histoire littéraire du XIXe siècle. Construite à partir des positionnements de ces principaux auteurs – dont G. Lanson –, se développant dans le contexte de l’école républicaine et profondément marquée par certains de ses aprioris idéologiques – exclusion de la femme de la vie politique et de l’espace public –, l’histoire littéraire a, dès l’origine, minoré et minore encore le rôle des femmes ; elle les associe par tradition à des genres dans lesquels elles ne sont pas nécessairement représentées de manière significative tandis qu’elle ignore leur rôle dans d’autres. En constatant la perpétuation de cette minoration ou de ces exclusions, la contribution appelle les enseignants à un regard distancié sur les outils qu’ils utilisent dans leur enseignement et à une vigilance toujours nécessaire.