Nous étudions dans le présent article la passion presque maladive de Théophile Gautier à l’endroit des collections et musées européens. Sa boulimie pour l’art, au sein de l’institution nouvelle que constitue le musée public au XIXe siècle, ne semble pas devoir trouver de limite, jusqu’à verser dans une sorte de pathologie. L’approche esthétique comporte un volet technique lié à l’importance du mode de présentation des oeuvres : la muséographie joue ainsi un rôle fondamental de classification des collections exposées, servant la mise en valeur des oeuvres elles-mêmes. Gautier aborde également la question des écoles nationales et des lieux clos de leur monstration. Une lecture complète de l’histoire de l’art impose le déplacement, car aucune collection n’atteint l’exhaustivité. Dès lors, seul le « musée imaginaire » ou intérieur permet d’abolir les frontières de l’art, la création autorisant une perméabilité qui, grâce à l’objet conservé, assure la migration infinie de l’oeuvre.