Dans les mouvances doctrinales de droite, tout un courant critique a fait de l’association entre romantisme et maladie son fer de lance et sa propriété. Pourtant, la pathologisation du romantisme a existé dans une tout autre sphère, ainsi que le montre un élargissement du regard au-delà du seul cas français. En effet, si l’on se déplace à l’échelle européenne, la métaphore associant romantisme et maladie connaît également des actualisations dans une pensée plus ouvertement révolutionnaire, qui reprend à son compte la critique par Hegel du courant romantique allemand, accusé d’entraver la marche de l’Histoire vers le progrès. C’est sur cette généalogie post-hégélienne qui a irrigué un certain nombre de courants littéraires et critiques à gauche que nous proposons de nous pencher, afin de souligner la prégnance d’une métaphore qui, trouve aussi naturellement à s’inscrire dans des courants réalistes et matérialistes revendiquant une force d’action qu’un certain romantisme anémié et évanescent semble éroder dangereusement.