Cet article examine la fascination de Proudhon pour le rapport entre pensée et langage, fascination qui restera constante pendant toute sa vie. Une des marques de la permanence de cet intérêt sont les réactions de Proudhon aux ouvrages de Bergmann ou la critique de la philologie de Renan qui s’esquissait dans les manuscrits. Confronté à l’argument de la ressemblance des langages caucasiens – grec, latin, slave et germain – et aux thèses qui en déduisent une origine commune, Proudhon affirme que cette ressemblance est simplement due « à la constitution de l’esprit humain », « à la conformité des climats et à celle des tempéraments qui en résultent ». Ainsi l’hypothèse polygéniste de Proudhon vient-elle faire obstacle à ceux qui, constatant une « unité de série dans les langues », ainsi face aux langues « caucasiennes », voudraient y voir la preuve d’une « unité de généalogie ».