La dernière décennie du XIXe siècle connaît un épanouissement revigorant de la poésie élégiaque : dans cette lignée finiséculaire prennent place des poètes comme Albert Samain, Henry Bataille, Léon Deubel, Charles Guérin ou encore Louis Le Cardonnel, toute une constellation parfois éclipsée par les gloires imposantes de Verlaine et Mallarmé. On observe, de manière variable et selon un gradient subtil, la combinaison d’une poésie qui reprend des poncifs du romantisme et d’une situation socio-économique qui alimente la déploration, dans ce qui peut apparaître comme une sorte de réplique vertueuse et méditative à la figure du poète maudit. Cette poésie éclaire d’une lueur crépusculaire une ère de crise littéraire et apporte une réponse en mode mineur aux interrogations qu’elle transporte avec elle.