Le train de nuit est un objet particulier dans le paysage ferroviaire français : un service de moyenne et longue distance opéré la nuit dont l’État est autorité organisatrice. Son histoire tourmentée ces dernières années invite à analyser les enjeux de la relance de ce service dans un contexte de décarbonisation des transports, de promotion de l’aménagement du territoire et du rôle que peut jouer la puissance publique, l’État en particulier. La méthodologie mixte associe des données qualitatives issues d’entretien semi-directifs auprès d’acteurs (État, SNCF, région, association de défense) directement liés au train de nuit. Elle intègre également des informations quantitatives (lignes et gares desservies) dans l’objectif de caractériser les phases de déclin et relance de 1980 à 2022. À la lumière des principaux résultats, l’article souligne le rôle important de l’État dans l’évolution du service du train de nuit. Au cours d’une première phase (1980-2017), celui-ci s’est très largement désintéressé de ce service, la survie du train de nuit tenant au maintien de 2 lignes, dont une grâce au concours de la région Occitanie. Dans la phase suivante, la conjonction de plusieurs facteurs (préoccupations environnementales, équité territoriale, succès de l’offre ÖBB en Europe centrale) a entraîné une relance du service sous l’égide de l’État. Toutefois, malgré la remise en service de plusieurs lignes en direction du Sud de la France, de nombreux freins existent encore (travaux de modernisation du réseau, manque de matériel) et ne sauraient cacher une intervention de l’État dont la politique d’aménagement du territoire, sur le plan des transports interurbains, est en mal de substance.