
ANNALES HISTORIQUES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE Nº416 (2/2024)
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Le terme « sensualisme », associé à la figure de Condillac, est l’un des clichés les plus récurrents des auteurs romantiques contre les Lumières. Celles-ci tendraient à réduire la nature de l’homme au principe de la « sensation différemment transformée », d’où résulterait un froid rationalisme utilitariste à l’origine de tous les excès de la Révolution. Dans cet article, on se propose d’étudier de fac¸on inédite la figure de Condillac chez les romantiques, par le prisme de l’Idéologie, pour mieux saisir la genèse du cliché du « sensualisme », terme pourtant absent de l’oeuvre du « Locke franc¸ais » (de Gérando). En effet, il semble que les romantiques reproduisent, dans leur représentation du XVIIIe franc¸ais, le Condillac des Idéologues servant d’épouvantail. Pourquoi, cependant, ignorent-ils le Condillac dualiste, proche de son frère Mably, qui défend la nature spirituelle de l’homme ?
The term "sensualism" associated with the historical personage Condillac is one of the most recurrent cliches used by Romantic authors against the Enlightenment. Such a view tended to reduce man’s nature to the principle of "differently transformed sensation" issuing in a cold utilitarian rationalism as the origin of all the Revolutionary excesses. This article takes a fresh look at the Romantics’ view of Condillac through the prism of Ideology to understand better the genesis of the cliché of "sensualism," a term absent from the work of the "French Locke" (De Gérando). Indeed, in their depiction of the French eighteenth century, the Romantics seem to reproduce the Ideologist’s representation of Condillac to serve as a scarecrow. Yet why do the Romantic’s neglect to consider the dualistic Condillac, close to his brother Mably, as a defender of man’s spiritual nature?