Cet article s’emploie à montrer en quoi la recherche sur l’acceptation sociale des espaces protégés est susceptible de rencontrer un refus de terrain qu’elle doit contourner ou dépasser. Celui-ci s’apparente à une mise en abyme du sujet même de l’acceptation, car il constitue l’obstacle qui oblige la chercheuse à se considérer dans le champ d’étude de l’acceptation sociale. À travers l’étude des litiges de périmètres constatés sur les réserves des Contamines-Montjoie et de Sixt-Fer-à-Cheval, l’article sera l’occasion de proposer une définition du refus de terrain et de montrer qu’il aide finalement à prendre la mesure des rapports de force et des conflits relatifs à la présence d’une réserve. Ce refus permet de voir se dessiner les réseaux et jeux d’acteurs qui gravitent autour des réserves. Les difficultés pour accéder au terrain et les discussions engendrées sont ainsi des objets de plein droit de la recherche en géographie et constituent un véritable matériau d’analyse, légitime, du terrain lui-même.