
ROMANTISME N°207 (1/2025)
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C’est au XIXe siècle que la « révolution de la lecture » (R. Engelsing), liée à la large diffusion du livre imprimé, donne son plein effet en France. Or ce phénomène, qui était un signe de vitalité littéraire, provoque dès 1830 une vague de constats négatifs sur la décadence de la civilisation. Cette véritable anomalie s’explique par les séquelles de la Révolution, qui a brutalement placé le marché libre du livre au coeur du système littéraire. La bibliographie laisse alors la place à la statistique du livre, qui enregistre le progrès de l’imprimé d’abord avec enthousiasme, puis avec un pessimisme ouvertement décliniste. Mais cette illusion idéologique cache la vraie anomalie, qui est le rôle presque hégémonique assuré par la presse au détriment de l’édition – avant que la censure des journaux sous Napoléon III puis l’École républicaine ne consacrent la place du livre au coeur de la vie littéraire.
In the 19th century, the “reading revolution” (R. Engelsing), fuelled by the extensive distribution of printed books, fully took hold in France. A sign of literary vitality, this phenomenon nevertheless sparked a wave of negative observations on the decadence of civilisation from as early as 1830. This genuine anomaly can be attributed to the after-effects of the French Revolution, which catapulted the free market for books to the heart of the literary system. The bibliography then gave way to book statistics, which recorded the expansion of the printed word with enthusiasm at first, but later showed an openly declinist pessimism. This ideological illusion, however, masks the real anomaly, which is the preponderant role played by the press to the detriment of publishers – before the censorship of newspapers under Napoléon III then the École républicaine state school system placed books at the centre of literary life.

