
ROMANTISME N°208 (2/2025)
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Dans ses Nuits d’octobre (1852), Nerval se positionne par rapport à un « réalisme » dickensien indéfini et semble ainsi s’inscrire dans les débats contemporains sur l’esthétique de l’imitation. Cet article se propose de redéfinir le cadre interprétatif de ce feuilleton, en soulignant le rôle central qu’il attribue dans sa critique du réalisme à la police des lettres françaises et, plus particulièrement, à la critique littéraire conservatrice. En 1852, le terme « réalisme » désignait moins une « école du vrai » qu’il ne servait d’épithète péjorative dans le vocabulaire de cette critique pour condamner l’« école moderne » du néoromantisme. Nerval transforme alors le « réalisme » et le nom de Dickens en métonymies qui évoquent cette critique littéraire, non par ce qu’elle célèbre, mais par ce qu’elle dénonce. Les Nuits d’octobre s’impose dès lors comme une intervention dans un tout autre débat : celui qui oppose le romantisme idéaliste dominant les institutions critiques et académiques de l’époque à un néoromantisme novateur. Ce feuilleton, que Nerval décrira ultérieurement comme « une imitation satirique de Dickens », révèle une imitation dont la satire ne vise pas l’auteur imité, mais bien la censure littéraire exercée par la critique officielle.
In his Nuits d’octobre (1852), Nerval positions himself with regard to an unspecified Dickensian “realism”, seemingly joining in the contemporary debates on the aesthetics of imitation. This article sets out to redefine the interpretative framework for this serialised novel, highlighting the key role it assigns in its criticism of realism to the French literary police, particularly conservative literary critics. In 1852, the term “realism” did not so much refer to a “school of truth” but served rather as a pejorative label in the vocabulary of criticism to condemn the “modern school of neo-romanticism”. Nerval thereby converts “realism” and Dickens’ name into metonymies that evoke this literary criticism not through what it celebrates but through what it condemns. Les Nuits d’octobre thus forms part of a wholly different debate, pitting the idealistic romanticism dominant among the period’s critical and academic institutions against the innovative neo-romanticism. This serialised novel, which Nerval subsequently described as a “satirical imitation of Dickens”, features a form of imitation whereby the target of satire is not the author imitated but the literary censorship imposed by official critics.

