
ANNALES DE GÉOGRAPHIE N° 764 (4/2025)
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Depuis 2011, date du déclenchement de la guerre en Syrie, un marché locatif informel à destination de réfugiés s’est massivement développé dans les quartiers populaires de la ville de Beyrouth. Le présent article vise à montrer la façon dont les dynamiques sociales autour de ces locations participent à l’invisibilité des réfugiés-locataires et des territoires dans lesquels ils s’installent. L’accent est mis sur deux types d’invisibilités. La première est l’invisibilité « subie », il s’agit des politiques qui, sans cesse, mettent à l’écart certains groupes sociaux et propagent des discours généralisés et généralisants qui les stigmatisent. La deuxième invisibilité, qualifiée de « choisie », bien qu’elle soit souvent contrainte, est paradoxalement une invisibilité souhaitée par des individus à la recherche de discrétion et d’anonymat par rapport à leur situation sociale et spatiale dévalorisée (Faret et al., 2019). L’analyse met en lumière la construction de ces invisibilités – dans leurs dimensions spatiale et temporelle – à travers les pratiques de différents acteurs ainsi que leurs effets paradoxaux sur les réfugiéslocataires. La démonstration est fondée sur une enquête empirique qualitative menée entre 2018 et 2022 dans deux quartiers populaires de la banlieue sud de Beyrouth.
Since the beginning of the Syrian war in 2011, a substantial informal rental market for refugees has emerged in the working-class neighborhoods of Beirut. This article seeks to demonstrate how the social dynamics around these rental arrangements contribute to the invisibility of refugee tenants and the territories in which they settle. The focus is on two forms of invisibility. The first is « enforced » invisibility, which refers to policies that consistently marginalize specific social groups and spread generalized discourses that stigmatize them. The second form of invisibility – qualified as « chosen », although it is often forced – is, paradoxically, a desire for discretion and anonymity among individuals regarding their socially and spatially devalued situations (Faret et al., 2019). The analysis sheds light on the construction of these invisibilities, considering their spatial and temporal dimensions, by looking at the practices of various actors involved and exploring their paradoxical effects on refugee tenants. The analysis is based on a qualitative empirical survey conducted between 2018 and 2022 in two working-class neighborhoods in the southern suburbs of Beirut.
