
Romantisme N°210 (4/2025)
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La Comédie humaine, témoin du lent déclin socio-économique de la noblesse au profit de la bourgeoisie, met en tension plusieurs acceptions de la « science des manières ». En taxinomiste des « Espèces sociales »,Balzac préfigure la sociologie par son décryptage inédit des gestes, comportements et modulations vocales grâce auxquels un individu se mesure à son interlocuteur et lui assigne une place dans l’arène sociale. Devenue moins lisible – la politesse confinant parfois à l’injure, ou l’impertinence au bon ton –, la science des manières appelle une exégèse qui illustre ce qu’Alain Montandon qualifie de « crise générale du sémantisme », dans laquelle la littérature répond à une « pulsion sémiologique généralisée ». À l’herméneutique comme quête de sens s’articule le risque de l’insignifiance, expression du vide ontologique d’une élite réfugiée dans la « science des riens ».
La Comédie humaine, which portrays the nobility’s slow socio-economic decline alongside the rise of the bourgeoisie, contrasts various meanings of the “science of manners”. As a taxonomist of “social species”, Balzac foreshadowed sociology in his unprecedented deciphering of the gestures, behaviours and vocal inflections used by individuals to ascertain how they measure up to their interlocutors and assess their place in the social arena. At a time when politeness had become harder to read—sometimes verging on insult or impertinence in the “right” tone—, the science of manners required an exegesis that illustrates what Montandon called a “general crisis in semantism”, whereby literature responds to a “widespread semiological impulse”. Hermeneutics as a search for meaning intertwines with the risk of insignificance, an expression of the ontological vacuum facing an elite taking refuge in the “science of nothings”.

