
Romantisme N°210 (4/2025)
Pour acheter ce numéro, contactez-nous
Recevez les numéros de l'année en cours et accédez à l'intégralité des articles en ligne.
Le dénouement de Lucrèce Borgia est souvent ramassé dans l’ultime réplique de la pièce. Cette réduction ne rend pas complètement compte de la perspective dans laquelle Hugo a conçu cette scène. Nous voudrions éclairer ce point en examinant cette fin non seulement à l’aune d’autres drames contemporains, mais aussi à la lumière des autres versions de celui-ci initialement envisagées par l’auteur. On trouvera peut-être, au sein même – et autour – de cette réplique finale, des personnages hugoliens au verbe moins haut que ne l’annonce la préface. Bien au contraire, les réécritures successives de cette scène montrent un Hugo soucieux de faire descendre ses personnages de leur « chaire ». S’ils parlent encore, c’est pour ne rien dire. Et tandis que la scène demeure tout entière tendue par un non-dit, bien peu énigmatique, elle s’ouvre sur un mystérieux et indicible vertige.
The conclusion of Lucrèce Borgia is often established based on the play’s final lines. Reducing it in this way does not fully reflect the perspective in which Hugo created this scene. We aim to clarify this point by exploring the play’s ending in light of not only contemporary dramas but also other versions of the work itself, as originally envisaged by the author. We will perhaps discover, within and around these final lines, Hugolian characters who are less self-important than suggested in the preface. In fact, the successive reworkings of this scene show that Hugo wanted to bring his characters to their downfall. If they still speak, it is to say nothing. And while the scene remains tense throughout due to what is unsaid, which is hardly enigmatic, it leads to a mysterious and unutterable dizzying despair.

