
Revue d'histoire des sciences (2/2025)
Pour acheter ce numéro, contactez-nous
Recevez les numéros de l'année en cours et accédez à l'intégralité des articles en ligne.
Il a longtemps été considéré, en particulier depuis les travaux d’André Robinet, que les recherches mathématiques des cercles malebranchistes orientées vers le calcul différentiel et intégral à la fin du xviie siècle étaient les seules vraiment novatrices (ou au moins adossées à l’innovation) de ces cercles, celles traitant des équations algébriques ou d’analyse diophantienne restant trop attachées à une approche cartésienne. Cette description a été remise en cause plus récemment de plusieurs points de vue, en particulier par Katia Asselah, Sandra Bella et Claire Schwartz. Dans la suite de leurs travaux, nous examinons ici, à travers plusieurs exemples, les pistes ouvertes par les recherches algébriques et arithmétiques des proches de Malebranche, en particulier les problèmes posés par la réécriture symbolique des résultats, des méthodes et des preuves de leurs prédécesseurs, et les effets de l’intégration de concepts combinatoires dans leurs recherches. Outre une continuité plus grande qu’attendue entre les différentes thématiques de ces cercles, ces exemples mettent en évidence la fécondité potentielle de la synthèse qu’ils opèrent entre plusieurs traditions de recherches sur les nombres.
Following the work of André Robinet, the mathematical research carried out on differential and integral calculus in Malebranchist circles at the end of the 17th century has been considered their only truly innovative (or at least innovation-oriented) work, while that dealing with algebraic equations or Diophantine analysis remained too attached to a Cartesian approach. This description has been challenged more recently from several points of view, in particular by Katia Asselah, Sandra Bella and Claire Schwartz. Following on from their work, we use a number of examples to examine the avenues opened up by the algebraic and arithmetical research of Malebranche’s collaborators, in particular the problems posed by the symbolic rewriting of their predecessors’ results, methods and proofs, and the effects of integrating combinatorial concepts into their research. In addition to the greaterthan- expected continuity between the different themes of these groups, these examples highlight the potential fruitfulness of the synthesis they bring about between several traditions of research on numbers.