L'information géographique (2/2016)
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Ce texte retrace un épisode de la construction nationale de l’Inde dont l’enjeu fut la définition des contours d’une identité à la fois « moderne et authentique ». Dès la fin du XIXe siècle, la campagne anti-nautch a dénoncé la danse rituelle des temples et la consécration des petites filles. Cette campagne qui a mobilisé des forces politiques et des acteurs sociaux très divers « en situation coloniale », aboutit au bannissement des danseuses de temple. Leur disparition s’est accompagnée, toutefois, d’un revival de la danse, une « invention de la tradition ». Le Bharatanatyam est alors constitué comme version authentique, conforme à l’interprétation des textes védiques mais également structurée sur le modèle des académies de danse européennes. Après l’éviction des devadasis, les femmes brahmanes ont assuré le passage à une danse classique, marqueur culturel fort de la Nation en de nouveaux lieux.
This paper is about an episod of the nation-building of India whose challenge was to map contours of « modern » and « guenuine » identity. From the end of the 19th century, the anti-nautch campaign shamed ritual dance in temples and girls dedication. This campaign, which mobilized political forces and various social actors during colonial situation, led to temple dancers’ banishment. Their eviction came along however with a dance revival, an « invention of the tradition ». Bharatanatyam was construed as an authentic version, following the interpretation of the Vedic texts but also following the European dance academies pattern. After the eviction of devadasis, Brahmin women ensured the passage to classical dance as a cultural symbol of the Nation through new places.