Langages n° 166 (2/2007)
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Cet article porte sur le fonctionnement de l’exemple dans les premières grammaires du guarani, écrites par des missionnaires jésuites aux XVIIe et XVIIIe siècles pour répondre aux besoins liés aux intérêts coloniaux de contrôle politique des Indiens dans ce qui était, alors, les domaines espagnols du Paraguay. La finalité immédiate de ces grammaires était l’apprentissage de la langue par les missionnaires, afin de permettre la communication quotidienne avec les Indiens et l’instruction religieuse. Les missionnaires ont fondé leurs descriptions sur l’observation de la langue dans des situations d’usage, puisqu’il s’agit de la grammatisation d’une langue non-documentée et méconnue des grammairiens. L’objectif de cet article est de définir comment cette finalité et les conditions initiales du travail de grammatisation ont déterminé la constitution des exemples, en ce qui concerne aussi bien leur statut et les critères de leur validation que leur rapport à l’oralité. Nous analysons ensuite dans quelle mesure ce travail initial a favorisé la stabilisation du corpus au fil du temps, affectant le traitement des exemples et donnant lieu à l’émergence d’une tradition écrite prise en charge par les locuteurs de la langue. Le corpus analysé est celui des premières grammaires de cette langue, celles de Alonso de Aragona (ms ca 1629) et Antonio Ruiz de Montoya (1640), et la dernière des grammaires de la période des missions, celle de Paulo Restivo (1724).
This article deals with the treatment of examples in the first Guarani grammars, which were written by Jesuit missionaries in the 17th and 18th centuries. The goal of these grammars was to meet the demands of colonial interests in political control over Indians living in what were at the time the Spanish dominions of Paraguay. The immediate purpose of the grammars was for the missionaries to learn the language, in order to communicate on a daily basis with the Indians and to bring them religious teaching. The missionaries based their descriptions on their observation of the language in real usage situations, as they were writing the grammar of an undocumented language unknown to grammarians. The purpose of this article is to define how this linguistic goal and the initial conditions of the grammar-writing project affected the creation of examples, both in terms of their status and grammaticality, but also their relationship to oral tradition. We analyze to what extent this initial work favored the stabilization of the corpus through time, affecting the treatment of examples and giving rise to a written tradition overseen by speakers of the language. The corpus we analyze is made up of the earliest grammars of the language, written by Alonso de Aragona (ms ca 1629) and Antonio Ruiz de Montoya (1640), and the last grammar from the missionary period, written by Paulo Restivo (1724).