La rentrée scolaire est un thème récurrent dans la littérature abordant l’école, mais le passage en Sixième a été peu traité jusqu’à la fin du XXe siècle. La création du collège unique, ainsi que le développement de la littérature de jeunesse ont cependant inversé la tendance, et la production littéraire abordant la liaison école-collège s’est considérablement développée. À partir d’un corpus constitué d’oeuvres d’époques diversesmais aussi de genres et d’auteurs variés, cet article aura pour objectif de montrer comment cette thématique, devenue aujourd’hui un « chronotope », vient s’inscrire dans ce florilège d’écrits qui s’adressent souvent davantage aux préadolescents qu’aux adultes, et quels rapports la représentation littéraire entretient avec sa réalité de référence, analysée par les travaux en sciences humaines. Dans la littérature, l’entrée en Sixième, évoquée à travers le regard de l’élève, peut ne correspondre qu’à un épisode du récit ou en constituer l’intérêt principal, mais, dans tous les cas, c’est l’idée de rupture qui est mise en avant. Avant tout perçue, quelle que soit l’époque, comme un rite de passage vers une nouvelle vie, la liaison école-collège a cependant évolué quant à la nature des dangers qu’elle engendre : l’élève, dans les oeuvres contemporaines, ne redoute plus la sévérité de l’adulte mais le jugement et la violence des pairs. La focalisation sur ces nouveaux dangers caractérise d’ailleurs les ouvrages pour la jeunesse les plus récents, ce qui s’explique par les enjeux spécifiques de la littérature, qui vise à interpréter et à compenser le réel.