ANNALES DE GÉOGRAPHIE - N° 741 (5/2021)
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Cet article porte sur les rapports entre le film Casablanca (1942) et la ville éponyme. Il examine en termes d’orientalisme l’imaginaire géographique du film et ses conditions de tournage pour montrer comment la métropole marocaine en est quasi-absente. Il atteste en revanche que le classique hollywoodien est bien présent dans les paysages urbains casablancais. L’analyse porte en particulier sur le Rick’s Café, ouvert à Casablanca en 2004 pour évoquer l’établissement qui sert de cadre au film. Il propose le concept de « simulacre in situ » pour comprendre les logiques, les pratiques et les effets de lieux à l’oeuvre Rick’s Café, et démontre sa pertinence en déclinant divers exemples, issus du cinéma, de la télévision, de la peinture, de la littérature ou de récits historiques. L’article constitue une contribution à la réflexion sur les simulacres géographiques et sur le ciné-tourisme (film-induced tourism), et plus généralement sur les rapports entre les lieux et les imaginaires. Sur la base d’une approche décomplexée des simulacres, il plaide pour une géographie qui prenne pleinement en compte la dimension imaginaire des lieux, et au sérieux la capacité de leurs visiteurs à faire semblant d’y croire.
This article deals with the film Casablanca (1942) and the eponymous city. The author questions in terms of orientalism the geographical imaginary of the film, how and where it was shot, and shows that the Moroccan metropolis is almost absent of it. On the other hand, the Hollywood classic is very present in Casablanca’s urban landscapes. The analysis focuses on Rick’s Café, which opened in Casablanca in 2004 to evoke the famous establishment where the fiction mainly takes place. The author coins the concept of « in situ simulacrum » to understand the logics, practices and place effects at work at Rick’s, and demonstrates its relevance by declining various examples, taken from cinema, television, painting, literature or historical narratives. The article contributes to a reflection on geographic simulacra and film-induced tourism, and more generally on the relationship between places and imaginaries. Based on a more positive approach to simulacra, he pleads for a Geography which fully takes into account the imaginary dimension of places and the ability of their visitors to pretend to believe in it.