
ANNALES DE GÉOGRAPHIE N° 762-763 (2-3/2025)
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L’expression « patrimoine de l’humanité » est omniprésente dans le langage des organisations intergouvernementales, souvent pour suggérer la finalité de ces organisations, parfois dans l’élaboration de projets ambitieux visant à conforter, voire à instituer, cette humanité. Mais à défaut de conceptualisation ou de définition générique, l’expression réfère à un nombre considérable d’entités diverses et se voit assortie de contenus formels très différents. Cette diversité tient notamment à celle des imaginaires du temps dont se nourrit la notion. Cet article propose une analyse des usages de cette notion et des imaginaires du temps associés ; mais il propose aussi de montrer que dans ce domaine, les imaginaires du temps ne sont pas dissociables de ceux de l’espace. Cette analyse, portant sur un ensemble de textes adoptés entre 1972 et 2023, montrera aussi que la prise de conscience des menaces sur l’environnement qui intervient à la charnière des années 1980 et 90 a conduit à délaisser un temps la notion de patrimoine de l’humanité, en raison de nouvelles façons de concevoir le passé et le futur de l’humanité, avant qu’elle retrouve tout récemment une nouvelle actualité.
The phrase « heritage of humanity » is omnipresent in the language of intergovernmental organizations, often to suggest the purpose of these organizations, sometimes in the development of ambitious projects aimed at consolidating, or even establishing humanity. But in the absence of a conceptualization or generic definition, the phrase refers to a wide variety of entities, and is associated with highly diverse formal contents. This paper focuses on the diversity in terms of imagining time, which feeds into the concept, and argues that, with respect to this matter, imagining time inevitably goes hand in hand with imagining space. This analysis, covering a series of texts adopted by UN organizations between 1972 and 2023, also demonstrates that the growing awareness of threats to the environment from the late 1980s and early 1990s had a profound impact on the imaginings of time and space at work in the corresponding agreements, and contributed to a temporary shift away from the notion of the heritage of humanity, which has experienced a revival of sorts during the last few years.

