Annales de géographie - n°727 (3/2019)
Pour acheter ce numéro, contactez-nous
Recevez les numéros de l'année en cours et accédez à l'intégralité des articles en ligne.
Au cours de la dernière décennie, les migrations des Portugais ont été réactivées. La crise économique de 2008, entraînant des taux de chômage élevés et des politiques d’austérité, a donné lieu à des nouvelles mobilités. Les migrations vers le rural ont été principalement étudiées dans les pays du nord de l’Europe, et généralement envisagées comme des migrations d’agrément. Elles ont peu attiré l’attention dans les pays d’Europe du Sud où elles sont plus récentes et s’inscrivent dans des rapports au rural différents. Au Portugal, nous avons analysé les trajectoires de vie de néo-agriculteurs lors d’une enquête de terrain dans l’Alentejo et la région de Lisbonne. Les résultats montrent que le choix du rural et de l’agriculture est le fruit d’une combinaison entre plusieurs facteurs, relevant de différentes échelles sociales et spatiales. Les migrations vers le rural sont réactivées par la crise économique mais répondent aussi à des aspirations individuelles de rejet du mode de vieurbain. Ce rejet, largement partagé chez les néo-agriculteurs, ne constitue pas une rupture avec la ville. Ces migrations font au contraire émerger des circulations connectant espaces ruraux et urbains, un double ancrage urbain rural qui peut devenir une ressource en appui aux activités économiques et mécanismes de solidarité.
In the last decade, Portuguese migrations have been reactivated. The economic crisis of 2008 led to high unemployment rates and austerity policies, giving rise to new mobilities. Migration to rural areas has mainly been studied in northern European countries and is generally considered as an amenity migration. This phenomenon has received little attention in southern European countries where rural migrations are more recent and are part of different issues. In Portugal, we propose to analyze the life trajectories of neo-farmers based on a field survey in Alentejo and the Lisbon region. Our results show that the choice of rurality is the result of a combination of factors, operating on different social and spatial scales. Rural migrations are reactivated by the economic crisis but also respond to individual aspirations originating from a rejection of the urban way of life. This rejection, though widely shared among neo-farmers does not entail a radical break with the city. On the contrary,these migrations emerge from circulations connecting rural and urban spaces, a dual integration that canbecome a resource in support of economic activities and mechanisms of solidarity.