L'information géographique (4/2016)
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En prenant pour point de départ que participation et conflit constituent deux figures d’une même relation sociale méritant d’être étudiées ensemble, cet article se propose de retracer les évolutions participatives de l’urbanisme londonien, en les mettant en perspective avec les épisodes conflictuels de l’histoire urbaine d’après-guerre de la capitale britannique. Les concepts de Jacques Rancière décrivant le fonctionnement démocratique selon les légitimités de chacun à y prendre part nous servent de fil directeur pour analyser les rapports entre mise en conflit et dispositifs participatifs. Nous assistons à un progressif partage des rôles qui interrompt le mouvement de démocratisation d’après-guerre et fait place à un « feuilletage » des légitimités fondé sur la capacité à construire ou financer des (grands) projets urbains. Dans ce contexte où une gouvernance restreinte prend en charge la conception des futurs urbains, les dispositifs participatifs n’assurent pas une égalité de statut comme le voudrait l’impératif délibératif mais facilite l’ingénierie d’un consensus visant la réduction des risques de conflit, et par là même, ouvrant la voie à de nouveaux désaccords.
Taking as a starting point the idea that participation and conflict are two different instances of a common social relation, which need to be studies together, this paper offers a historical account of the evolutions of urban planning in London, and put them into perspective with examples of conflicts from the post-war history of the British capital. Concepts coming from Jacques Rancière’s work where he describes democratic processes according to the variations of stakeholders’ legitimacy help us to unfold the relations between conflicts and participatory processes. We witness a progressive division of the ability to actually take part in the definition of urban futures, based on the capacity to deliver urban (large-scale) projects, a division that hinders the post-War democratization movement. In this context where urban governance is the product of a restricted set of actors, participatory processes and arenas fail to deliver the equality of status which is implicit in the deliberative democracy project and give rise to a new culture of consensus in order to reduce the risks of conflicts, leading at the same time to the expression of a renewed urban resentment.