L'INFORMATION GÉOGRAPHIQUE (4/2022)
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L’analyse des circulations transnationales des « modèles » urbains est au coeur de débats qui, dans les études urbaines, interrogent les liens entre ville et mondialisation. Les recherches se proposent en particulier de mettre à jour les projets politiques qui sous-tendent l’accès de telle ville ou telle politique publique au rang de « bonne pratique » internationale, inscrivant fréquemment la mobilité des politiques urbaines dans une logique de diffusion généralisée du néolibéralisme. En s’inspirant d’une démarche postcoloniale, cet article mobilise la science politique et les études urbaines afin d’explorer une autre hypothèse : la circulation « Nord-Sud » des modèles s’appuie en partie sur un projet de « promotion de la démocratie ». Il s’intéresse à la ville de Barcelone qui, dans les années 1990, s’impose comme une référence mondiale de régénération urbaine, portée par des acteurs locaux qui ont fait de l’urbanisme le coeur de la construction démocratique au lendemain de la dictature franquiste. L’article propose une sociohistoire de l’entreprise active, portée par des élites barcelonaises, de formulation et de promotion internationale de leur expérience auprès des villes dites « en développement », à une époque où les espoirs de généralisation de la démocratie « à l’occidentale » sont à leur apogée.
The analysis of the transnational circulation of urban ’models’ is at the heart of debates in urban studies which question the links between cities and globalization. In particular, the research aims to uncover the political projects that underlie the access of a particular city or public policy to the rank of international ’best practice’, often placing the mobility of urban policies within a logic of generalized diffusion of neoliberalism. Drawing on a postcolonial approach, this article mobilizes both political science and urban studies to explore another hypothesis: the ’North-South’ circulation of models is partly based on a project of ’democracy promotion’. It focuses on the city of Barcelona, which in the 1990s became a global reference for urban regeneration, driven by local actors who made urban planning the core of democratic construction in the aftermath of the Franco dictatorship. The article offers a sociohistory of the active undertaking of Barcelona’s elites to formulate and promote their experience internationally to so-called ’developing’ cities, at a time when hopes for the generalization of ’Western-style’ democracy were at their height.