Annales historiques de la Révolution française n° 357 (3/2009)
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La modération n’étant pas une philosophie politique mais plutôt une éthique comportementale et culturelle, ce mot et tous ceux qui y sont associés sont sujets à caution. Leur complexité d’ordre linguistique est mise en évidence par l’analyse de certains textes anglais marquants de la période 1660 à 1689, caractérisés par la quête de l’harmonie et la conception triadique du classicisme ainsi que par l’extrême turbulence politique. Avec l’avènement d’une relative stabilité politique au dix-huitième siècle, la « modération » est davantage conçue, sur les plans éthique et esthétique, comme un processus de socialisation, et l’art (traité ici au travers de l’architecture et surtout de la musique) incarne cette vision d’un monde équilibré et essentiellement statique. Une telle conception est radicalement ébranlée par la Révolution française et toute l’ambiguïté aussi bien que la fragilité de l’apologie de la modération sont illustrées dans les écrits de Edmund Burke.
Since “moderation” is not a political philosophy but rather a form of cultural behavioural ethics, the word and others associated with it should be treated with caution. This applies to certain classic texts vaunting moderation in the post-Restoration period, 1660-1688. During the greater political stability which followed in the eighteenth century, moderation was associated with the socialisation process and is illustrated here through architecture and particularly through music. The French Revolution challenged this balanced and essentially static view of the world and the consequent ambiguity of moderation is clearly seen in the reactions to the Revolution of Edmund Burke.