Annales historiques de la Révolution française n° 361 (3/2010)
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Avec l’interdiction du Carnaval en 1791, toute une série de pamphlets modérés et royalistes s’empresse de décrire, dans la tradition burlesque, un monde à l’envers dans lequel le cul a tôt fait de se retrouver par- dessus tête, l’arme du ridicule pouvant alors se révéler cruelle en politique. Mais dans ce jeu qui mêle masque et cul, les hommes de plume « patriotes » ne sont pas en reste et n’hésitent pas, pour certains d’entre eux, à multiplier les occurrences du mot « cul » pour pimenter à souhait leur prose. Les Père Duchesne, que ce soit celui d’Hébert ou ceux de ses concurrents, aiment ainsi à décliner tant le mot que les situations burlesques pour mieux faire rire de leurs adversaires. Le langage de la farce grotesque, le « bel esprit », « la gaieté de l’esprit français » sont ainsi mobilisés dans une langue qui se veut « populaire » pour mieux atteindre ses cibles, tant les citoyens dont elle souhaite se faire entendre que des adversaires destinés à être d’abord ridiculisés, ensuite éliminés de la scène politique.
With the prohibition of Carnaval in 1791, an entire series of pamphlets by moderates and royalists hurried to describe in the burlesque tradition a world turned upside down in which ridicule could be prove a cruel, political weapon. But in this game of mixing masks and lubricity, patriot writers, at least some of them, spiced their prose with abundant references to the « arse ». The Pere Duchesne, whether that of Hebert or those of his competitors, reveled in using the word as much as in depicting bur lesque situations, all the better to deride their adversaries. The language of grotesque farce, the « bel esprit », the « gaieté de l’esprit français », were thus mobilized in a language that purported to be « popular », to better reach its targets, not only those sympathetic to their vision of the Revolution, but no less the adversaries to be first ridiculed, then eliminated from the political scene.