Annales historiques de la Révolution française n° 369 (3/2012)
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Dans le langage politique de la Révolution, les ennemis de la France sont souvent dépeints dans les termes les plus atroces, comme des terroristes barbares ou les laquais de lâches tyrans, l’identité française se construisant par opposition à celle de ses adversaires dans la guerre. Avec l’élargissement impérial du conflit, avec la création d’une armée multinationale et multilingue, cette image assez stéréotypée s’est cependant complexifiée. L’expérience de la guerre a suscité des réponses variées face à l’ennemi, qui ont pu inclure le respect et même l’amitié ; et les écrits des soldats pendant les guerres napoléoniennes suggèrent que certaines perceptions sont encore inspirées de l’idéologie révolutionnaire. Ces écrits contiennent ainsi un éventail d’opinions qui rappellent les récits de voyage du XVIIIe siècle, affichent un goût pour l’exotisme et trahissent les anciens préjugés concernant la supériorité de la civilisation européenne occidentale.
In the political language of the Revolution, France’s enemies were often portrayed in themost lurid terms, as barbarous terrorists or as the craven lackeys of tyrants, and French identity was contrasted with that of France’s opponents in war. But with the massive extension of the war during the Empire, and the creation of a multinational and multilingual army, this rather stereotyped image became diversified. The experience of war could create very different responses to the enemy, responses that included respect and even friendship ; and soldiers’ writings during the Napoleonic Wars would suggest that few still held views inspired by revolutionary ideology. Rather they contain a range of opinions reminiscent of eighteenth-century travel writings, display a taste for the exotic, and betray deeply-held prejudices about the superiority of western European civilization.