Annales historiques de la Révolution française nº393 (3/2018)
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Dans tout un imaginaire littéraire et iconographique, la « jeunesse dorée » du Paris thermidorien et directorial aurait adopté le port de cannes et de bâtons garnis d’une lame, d’un dard ou de plomb comme armes de distinction et de réaction. L’enjeu de cet article est de mettre à l’épreuve cette politisation des armes « trompeuses » en s’interrogeant sur leurs circulations et leurs usages à Paris entre 1789 et 1800, à travers notamment l’étude de leur incidence réelle sur les violences commises dans la section du Palais-Royal. Dans les discours policiers, la répression de ces armes, dont la mode est présentée comme criminogène et séditieuse, s’inscrit à partir de fin 1795 dans un contexte de dénonciation des « jeunes gens » qui refuseraient le service militaire pour former des bandes armées et occuper la rue. Au-delà de cette assignation politique, la réputation subversive de ces armes témoigne aussi de la persistance, depuis l’Ancien Régime, d’une culture de l’autodéfense qui valorise l’armement personnel, voire personnalisé.
In literary and iconographic representation, the gilded youth of Paris during the Thermidorian and Directorial periods carried canes and batons adorned with a blade, a sword equiped with a leaden point, and a pistol as the favored arms of distinction and of the Reaction. The aim of this article is examine this politization of arms by considering their use and circulation in Paris between 1789 and 1800, and by studying their actual incidence in the violence committed in the section of the Palais Royal. In police discourse, the repression of these arms, whose use is presented as criminogenic and seditious, became towards the end of 1795 part of the denonciation of « jeunes gens » whomight reject military service to form armed bands and dominate the streets. Beyond this political purpose, the subversive reputation of these arms also attests to the persistance since the Old Regime of a culture of self-defense that valued personal weapons, indeed personalized weapons.