Annales historiques de la Révolution française Nº399 (1/2020)
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Insecte hémiptère parasite du chêne kermès, petit arbuste typique de la garrigue languedocienne et provençale, le kermès vermilio, fut au Moyen Âge et à l’Époque moderne une matière première essentielle pour teindre en écarlate la production textile. La fragilisation de cet insecte, aujourd’hui en voie de disparition sur tout le pourtour méditerranéen, est intimement liée au destin de sa plante hôte. Le chêne-kermès succombe à la vague de défrichements lancés par l’administration royale à partir de 1770, et qui se poursuivent avec l’accélération de la mise en marché des terres communales à l’époque révolutionnaire et impériale. Le kermès vermilio devient une ressource marginale à la fin du XVIIIe siècle alors que le commerce colonial prend une place prépondérante dans l’approvisionnement des matières tinctoriales. Le regain d’intérêt observé à l’égard du kermès vermilio à l’époque napoléonienne s’inscrit dans une politique visant à rendre l’Empire autosuffisant en matières premières pour résister à l’assaut de ses industries par les ennemis de la nation.
The Hemipterous parasitic insect of the Kermes oak, a small shrub typical of the Languedoc and Provençal garrigue, the kermes vermilio, was in the Middle Ages and in the modern era an essential raw material to dye textile production scarlet. The weakening of this insect, now endangered all around the Mediterranean, is closely linked to the fate of its host plant. The Kermes oak succumbed to the wave of land clearing launched by the royal administration from 1770 onwards, which continued with the acceleration of the marketing of communal lands during the revolutionary and imperial era. The vermilion kermes became a marginal resource at the end of the 18th century, when colonial trade took a preponderante place in the supply of dye materials. The renewed interest in the vermilion kermes during the Napoleonic era was part of a policy aimed at making the Empire self-sufficient in raw materials to resist the onslaught of its industries by the nation’s enemies.