ANNALES HISTORIQUES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE Nº407 (1/2022)
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Comment des savants qui étudiaient le monde vivant au XVIIIe siècle pouvaient-ils vivre de leur travail scientifique ? Afin de contribuer à cette enquête sociohistorique, nous nous proposons d’avoir recours à l’étude de cas de deux botanistes, Antoine-Laurent de Jussieu (1748-1836) et Michel Adanson (1727-1806). Inscrits tous les deux dans la sphère naturaliste parisienne, ils fréquentent les mêmes institutions et étudient le même objet de recherche. En revanche, leur horizon social et leur parcours de vie les différencient radicalement. Jussieu est un héritier, aristocrate, rentier qui « s’occupe » de sciences, et se rattache socialement à la grande bourgeoisie parisienne. Adanson quant à lui, débute sa carrière sans aucun patrimoine ni qualification, avec un statut professionnel de clerc, et vit jusqu’à l’âge de trente-huit ans, soit durant sa haute période de créativité scientifique, au niveau du seuil de dépendance économique.
Howdid scientistswho studied the livingworld in the eighteenth century make a living from their scientific work ? As a contribution to this sociohistorical enquiry, the author uses the cases of two botanists, Antoine-Laurent de Jussieu (1748-1836) and Michel Adanson (1727-1806). Both belonged to the Parisian naturalist sphere, attended the same institutions and studied the same subject. Yet their social horizons and their life trajectories separated them significantly. Jussieu was an heir, an aristocrat, an annuitant who « occupied himself » with science, and was socially attached to the Parisian upper-middle class. Adanson, on the other hand, began his career without any wealth or qualifications, with the professional status of a clerk, and lived until the age of thirty-eight, spending the summit of his scientific creativity perilously close to the level of the economic dependency.