
Histoire, économie & société (1/2008)
Numéro épuisé
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Derrière les multiples causes du succès, inattendu à telle échelle, de la téléphonie mobile numérique en Europe se tient une séquence historique originale, qui a vu le passage d’une phase de maturation d’une norme commune (GSM) par la coopération d’opérateurs nationaux en situation de monopole d’exploitation à une phase de commercialisation du nouveau service sur un marché ouvert à la concurrence. De la norme unique au marché unique, à travers les années 1980- 1990, l’objet de notre article est double : situer la place de la politique de l’Europe communautaire, notamment en matière de concurrence, dans cette trajectoire, et retracer la façon dont elle s’est présentée en France. Le GSM est dès le départ une affaire européenne, mais pas communautaire. C’est à l’occasion d’un blocage de nature technique et industriel que les institutions communautaires entrent pleinement dans le jeu, prenant des mesures qui imposent le GSM comme la seule norme d’avenir sur le continent. Parallèlement, un agenda portant sur la politique de la concurrence est élaboré dans le cadre du Marché unique : le segment de la téléphonie mobile n’est pas le premier concerné par la déréglementation communautaire, mais cette perspective inéluctable et parfois déjà amorcée à l’échelle nationale stimule l’ensemble des acteurs au moment de la commercialisation du nouveau produit.
This paper focuses on the original trajectory of the digital mobile phone in Europe through the 1980s and 1990s, from the establishment of a common standard (GSM) through co-operation between national monopolies to the marketing of this new service in an open market. From a common standard to the single market : we aim at explaining the role of the European Commission competition policy in this dynamic and at presenting the way it went in the particular case of France. Elaborated in a European but non-communautary frame, the GSM standard was strongly supported by the European Commission at a key moment of its development. The decision taken was less liberal than protective. The competitive phase came after and was in some cases, as in France, initiated at national scale before being implemented at the European one.

