Histoire, économie & société (2/2011)
Pour acheter ce numéro, contactez-nous
Recevez les numéros de l'année en cours et accédez à l'intégralité des articles en ligne.
En 1624, André Duchesne, géographe du roi, à la demande pressante d’amis de la République des Lettres, accepta d’achever une histoire de la ville de Reims. En décembre 1628, cependant, Duchesne abandonna son projet, à la grande déception des membres de l’échevinat et du conseil de ville de Reims, qui espéraient que le résultat de son travail leur apporteraient des éléments utiles à leur lutte contre l’archevêque sur leurs compétences respectives en ce qui concernait la police, les affaires militaires et les juridictions. Bien que les échanges entre Duchesne et les érudits ou les administrateurs locaux n’aient jamais produit l’histoire savante de la ville qu’ils désiraient, ils révèlent l’importance de l’histoire urbaine à la fois pour les élites locales et pour la communauté savante française au sens large, que l’on associe généralement à la République des Lettres. Cet article cherche à montrer que les réseaux amicaux et savants reliaient ces deux communautés bien plus intensément que les historiens ne l’ont pensé jusqu’à présent, et que les projets d’écriture de l’histoire locale ou nationale se renforçaient mutuellement par un partage des idées et des sources. Les tentatives menées pour écrire l’histoire de Reims dans les premières décennies du XVIIe siècle permettent de mieux comprendre ces intérêts mutuels et ces relations, même si les nombreux manuscrits et notes produites au cours de ce processus n’ont jamais débouché sur une publication.
In 1624, André Duchesne, géographe du roi, acting on the urging of friends within the Republic of Letters, agreed to complete a history of the city of Reims. By December 1628, however, Duchesne abandoned his project, to the disappointment of members of the échevinage and conseil de ville, who were hoping that the results would provide support in their ongoing struggles with the archbishop of Reims over police rights, military authority, and legal jurisdiction. Although Duchesne’s interactions with local scholars and officials never produced the desired erudite history of the city, they do reveal the importance of urban history both to local elites and to the broader community of French erudite scholars associated with the Republic of Letters. This article seeks to demonstrate that networks of friendship and scholarly exchange linked these two communities of scholars much more than has previously been recognized, and that projects to define local and “national” history were mutually reinforcing through the sharing of sources and ideas. Attempts to draft the history of Reims in the first decades of the seventeenth century provide an apt means to understand these interests and relationships, even if the numerous manuscripts and notes produced in the process never resulted in a published work.