Revue d'histoire des sciences (1/2016)
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L’expression « guerre chimique » associée à la première guerre mondiale ne l’est pas seulement du fait de l’usage des gaz de combat sur le champ de bataille, mais aussi du fait de l’importance des chimistes engagés dans la conduite de la guerre industrielle. Pour nombre d’entre eux mobilisés par le ministère du Commerce et de l’Industrie, le conflit est l’occasion de collaborer à la préparation économique de l’après-guerre. Entre 1917 et 1919, ces chimistes partisans d’une gestion technocratique de la politique industrielle s’associent à Étienne Clémentel, l’un des principaux acteurs de l’économie en guerre. Ensemble, ils élaborent un programme de refondation de la production française. Le projet est porté par la conviction qu’il n’y a pas d’autre voie possible que celle dans laquelle s’est engagée l’Allemagne avant guerre : rationaliser la production, faire collaborer les scientifiques, l’administration et les industriels. Cet article retrace l’action de ces chimistes promoteurs de la rationalisation. Il rend compte de leurs actions à la direction du Comité consultatif des arts et manufactures, du congrès du Génie civil, de la Société de chimie industrielle, et enfin à la rédaction du Rapport général sur l’industrie française.
The association of « chemical warfare » and the First World War is not only due to the use of poison gas on the battlefield, but also to the importance of chemistry and chemists in conducting the industrial war. For many chemists involved, the conflict was an opportunity to collaborate in preparing the post-war economy. Between 1917 and 1919, these chemists advocated a technocratic management of the industrial policy. Together with Étienne Clémen-tel, the Minister of Trade and a key figure in the war economy, they prepared a blueprint for the reconstruction of the French production. Their project was based on the firm conviction that there was no alternative to the path taken by Germany before the war : the rationalisation of industry, the collective organisation as well as the collaboration between scientists, government and industry. This article traces the commitments of these chemists convinced to be part of the rationalisation process of the industrial economy. It focuses on their role in the Advisory Committee on the Arts and Manufactures, the Congress of Civil Engineering, the Society of Industrial Chemistry, and finally their influence on the editors of the general report on the French industry.