
Revue d'histoire des sciences (1/2017)
Pour acheter ce numéro, contactez-nous
Recevez les numéros de l'année en cours et accédez à l'intégralité des articles en ligne.
Contrairement aux premières descriptions sur l’acuponcture de Willem Ten Rhjine et Engelbert Kaempfer rédigées dans les dernières décennies du XVIIe siècle, les observations de Philipp Franz von Siebold ont reçu peu d’attention à son retour en Hollande en 1828. La curiosité de Siebold pour l’acuponcture était pourtant différente de celle de ses prédécesseurs puisqu’il ne s’est pas intéressé à l’acuponcture en général, comme l’ont fait Rhijne et Kaempfer, mais aux théories d’Ishizaka Sōtetsu 石坂宗哲, un acuponcteur japonais du début du XIXe siècle qui tenta de constituer une passerelle entre la médecine occidentale et la médecine sino-japonaise. Dans cet article, je commence par reconstituer la rencontre entre Siebold et Ishizaka en me basant sur des documents rares de la bibliothèque de l’Université de Leiden, du Musée d’ethnologie de Leiden et de la famille Ishizaka. J’examine ensuite les nouveaux développements qu’a connus l’acuponcture japonaise au tournant du XIXe siècle. Je montre comment Ishizaka appliqua ses connaissances sur l’anatomie occidentale à l’acuponcture, soutenant que cela lui donna de nouveaux outils méthodologiques et épistémologiques pour reconstruire les théories de l’acuponcture dans son propre cadre théorique, et que cela lui permit par conséquent de trouver une place dans les débats qui animaient la médecine japonaise depuis la fin du XVIIe siècle. Enfin, j’examine les raisons de l’intérêt de Siebold pour les théories
d’Ishizaka et sa contribution à leur diffusion en Europe.
In contrast to the first European descriptions of acupuncture by Willem Ten Rhjine and Engelbert Kaempfer in the last decades of the seventeenth century, Philipp Franz von Siebold’s notes did not receive much attention upon his return to Holland in 1828. Siebold’s interest in acupuncture was different from that of his predecessors, as he was not interested in acupuncture in general – as Rhjine and Kaempfer were – but in the theories of Ishizaka Sōtetsu 石坂宗哲, an early nineteenth century Japanese acupuncturist who attempted to bridge the gap between Western and Sino-Japanese medicine. In this essay, I first reconstruct Siebold’s encounter with Ishizaka using rare materials held by Leiden University library, Leiden National Museum of Ethnology, and the Ishizaka family. Then, I review the new developments happening in Japanese acupuncture at the turn of the nineteenth century. I show how Ishizaka applied his knowledge on western anatomy to acupuncture, contending that it gave him new methodological and epistemological tools to reconstruct acupuncture theories into his own theoretical framework. This allowed him to place himself in the debates that flourished in Japanese medicine since the late seventeenth century. Finally, I examine the reasons of Siebold’s interest for Ishizaka’s theories and his contribution to their diffusion in Europe.