REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES (1/2023)
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Si l’optique s’est déjà distinguée par « des progrès brillants et inespérés » au moment où François Arago prononce ces mots devant l’Académie des sciences, le 5 août 1833, les méthodes de la photométrie, ou science qui se préoccupe de la mesure de l’intensité lumineuse, n’ont guère évolué depuis l’époque où elles ont été formalisées par Pierre Bouguer (1698-1758). Elles procèdent par égalisation visuelle entre la source lumineuse et une source de référence, égalisation obtenue par divers procédés de gradation de la lumière. La seconde partie du siècle voit les progrès de l’instrumentation photométrique, concomitants avec le déploiement de l’industrie de l’éclairage. Mais la comparaison des sources de couleurs différentes reste un problème non résolu, empêchant la création d’un étalon de lumière. Cette difficulté trouve son origine dans les phénomènes physiologiques, propres au système visuel humain, en particulier l’effet Purkynĕ. À Marseille, le professeur Jules Macé de Lépinay (1851-1904) et le chirurgien ophtalmologiste William Nicati (1850-1931) vont s’emparer de cette question. Les circonstances de leur association débutée en 1879 méritent d’être analysées. Les résultats de leur recherche consacrée à la répartition de la lumière dans le spectre solaire sont mis en regard avec d’autres publications contemporaines et des études plus tardives ayant conduit à l’établissement de la courbe de visibilité de l’observateur standard, publiée en 1924.
The field of optics has produced “brilliant and unexpected advances,” as François Arago told the French Academy of Sciences on 5 August 1833. Nonetheless, techniques in photometry, or the science of measuring the intensity of light, has changed little since the time when they were set down by Pierre Bouguer (1698–1758). They are based on visually equating the light source being measured to a source of known intensity, and equalisation is obtained by various techniques for graduating light. The second half of the century saw progress in instruments used for photometry that went hand in hand with the development of the lighting industry. However, comparing light sources of different colours is still an unsolved problem and prevents the establishment of a universal reference for light. The difficulty lies in the physiological characteristics inherent in the human system of vision, and especially the Purkynĕ effect. Professor Jules Macé de Lépinay (1851–1904) and an ophthalmological surgeon called William Nicati (1850–1931) devoted their efforts to the question, in Marseille. The circumstances of their collaboration which began in 1879 are worthy of consideration. The results of their research into the components of light in the solar spectrum are considered in comparison to publications from their own time and later studies which led to the establishment of the “visibility curve” for a “standard observer,” published in 1924.