Revue d'histoire des sciences (2/2017)
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Cet article revient sur la philosophie de la physique quantique d’Ernst Cassirer telle que développée dans son dernier ouvrage épistémologique Determinismus und Indeterminismus in der modernen Physik (1936), et sa thèse principale selon laquelle la causalité est conservée dans la théorie quantique, moyennant une re-conceptualisation de son objet. Il étudie la place du principe de causalité dans la hiérarchie de la connaissance physique selon Cassirer, et montre son rôle à la fois constitutif et régulateur, qui est lié à la disparition de la faculté kantienne de l’intuition chez Cassirer. Il passe en revue d’autres caractéristiques (holisme notamment) de la conception cassirérienne de la théorie physique. Il revient en détail sur la manière dont Cassirer parvient à passer d’une interprétation observationnaliste (négative, en tant que manque d’information) à une interprétation constitutive (positive, en tant que nouvelle définition de l’objet) des relations de Heisenberg. Il conclut avec le caractère prometteur de la conception de Cassirer pour faire droit à la théorie quantique, par rapport à une conception du type « relativized a priori » à la Friedman-Kant.
This article revisits Ernst Cassirer’s philosophy of quantum physics as developed in his last epistemological work Determinismus und Indeterminismus in der modernen Physik (1936), in particular his main thesis which posits that causality can be maintained in quantum theory, provided its object is re-conceptualized. I study the ranking of the principle of causality in Cassirer’s hierarchy of physical knowledge, and show that its role is both constitutive and regulatory. This is linked to Cassirer’s rejection of the Kantian faculty of intuition. I review other characteristics of Cassirer’s conception of physical theory (in particular holism) and analyze in detail how Cassirer manages to shift from an observationalist interpretation of Heisenberg’s relations (negative, as a lack of information) to a constitutive interpretation (positive, as a new definition of the object) of these relations. I conclude by showing that Cassirer’s interpretation of quantum theory is more promising than Friedman’s Kant-inspired « relativized a priori » conception.