Revue d'histoire des sciences (2/2019)
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Dans le cadre de ses différentes activités – médecin, chimiste à la Manufacture de Sèvres, commissaire des teintures au Bureau du commerce, académicien, professeur de chimie –, Pierre- Joseph Macquer (1718-1784) a eu l’occasion de fréquenter un grand nombre d’ateliers et de laboratoires. En s’appuyant sur de nombreuses archives manuscrites, l’article propose un panorama de ces différents espaces de travail, en s’attachant plus particulièrement à la description des lieux et des instruments qui leur sont associés. Cette recherche fait émerger les spécificités respectives de ces différents laboratoires publics et privés, aussi divers que celui du comte de La Garaye pour l’extraction des sels essentiels et leurs applications médicales, celui de la Manufacture de Sèvres avec ses fours pour la recherche industrielle de la pâte de porcelaine dure, le laboratoire privé de Macquer pour ses essais sur les teintures, le jardin de L’Infante – laboratoire à ciel ouvert – et les expériences à la très haute température du foyer de la lentille de Tschirnhaus, le laboratoire de l’Académie et enfin celui de la « maison du salpêtre », où Macquer expérimente pendant huit ans, avec Lavoisier et les autres commissaires du prix de l’Académie royale des sciences sur le mécanisme de formation du salpêtre. Ce tour d’horizon montre aussi qu’au cours du XVIIIe siècle, le laboratoire du chimiste a perdu son caractère individuel et secret pour se transformer en espace communautaire.
Thanks to his diverse activities – medical doctor, chemist at the Manufacture de Sèvres, commissioner of dyeing at the Bureau du commerce, academician and professor of chemistry – Pierre Joseph Macquer (1718-1784) had the opportunity of working in a large number of workshops and laboratories. Based on numerous archival particular focus on their function and the instruments associated with each site. This research brings out the specificities of these very different public and private laboratories : the Earl of La Garaye's laboratory for extracting essential salts for medical use, the Manufacture de Sèvres, with its kilns for industrial research on hard china, Macquer's private laboratory for tests on dyeing, the jardin de L'Infante – an open-air laboratory – and the experiments at very high temperatures using Tschirnhaus' lens at the laboratory of the Académie royale des sciences, and finally the maison du salpêtre where Macquer experimented during eight years with Lavoisier and the other members of the Académie's commission for the prize on the mechanism of the formation of saltpeter. This review also shows how in the course of the eighteenth century the chemist's laboratory lost its individual and secretive character to become a communal space.