
Revue d'histoire des sciences - Tome 62 (1/2009)
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Alors que l’entre-deux-guerres mathématique en France est marqué par des images a priori pour le moins caricaturales, nous cherchons ici à identifier certaines caractéristiques de l’activité mathématique de cette période et à préciser les effets de la Première Guerre mondiale sans être prisonnier des visions reconstruites et nécessairement partielles qu’en ont proposées certains des acteurs à travers les biais de leurs conceptions et de leurs intérêts mathématiques. Nous avons, à cette fin, choisi de nous intéresser aux mathématiciens qui, durant l’entre-deux-guerres, détinrent le pouvoir institutionnel sur le milieu mathématique en France et qui, de ce fait, ont exercé un pouvoir intellectuel déterminant sur la scène mathématique de leur temps. Dans un premier temps, nous repérons et caractérisons le groupe de ces mathématiciens, académiciens, professeurs à la Sorbonne et membres des jurys des thèses de sciences mathématiques dans cette période. L’analyse sommaire de l’activité des mathématiciens, qui apparaissent alors comme centraux d’après cette étude, révélant le poids d’acteurs, de domaines, de normes mathématiques que l’historiographie a ordinairement considérés comme dépassés, marginaux ou a même ignorés, nous conduit, dans un second temps, à proposer une nouvelle vision du paysage mathématique français bien plus complexe, plus diverse et moins sévère que celle qui est usuellement admise.
In this paper we want to identify features of mathematical activity in France during the interwar period and to bring out effects of the First World War, avoiding the reconstructions and necessarily partial images proposed by some of the protagonists who followed thei own mathematical ideas and interests. We choose to focus on the mathematicians who held positions of institutional authority in the French mathematical community and thus exerted a decisive influence on the mathematical scene of their time. First we identify and characterize the group of those academicians, professors at the Sorbonne, members of the examining boards of doctoral dissertations. Secondly, we briefly analyze the activity of the most powerful among these mathematicians and reveal mathematical domains and norms that historiography has usually considered as outmoded, marginal or has simply ignored. We finally propose a new view of the French mathematical scene of this period, a view which is much more complex, diverse and less severe than the one usually given.
