Revue de l'histoire des religions (1/2020)
Pour acheter ce numéro, contactez-nous
Recevez les numéros de l'année en cours et accédez à l'intégralité des articles en ligne.
Nombre de savants sunnites ont promu des règles faisant de l’islam une religion iconoclaste voire iconophobe. Ils ont associé le terme de ṣūra [« image »] à un geste créateur auquel seul Dieu pouvait prétendre. Mais les sources archéologiques montrent que cette norme ne fut ni immédiate ni d’application systématique. Le Coran lui-même porte la trace d’une tension : un verset évoque des « djinns » auteurs de « statues ». Il serait donc plus pertinent de parler de tradition marquée par un aniconisme. À l’époque contemporaine, celle-ci a été bouleversée par la photographie, animée ou non. Des juristes sunnites ont alors, par à-coups, contourné et justifié nombre d’usages proscrits. Le dernier en date est la représentation cinématographique du premier cercle des « Compagnons » du prophète de l’islam.
into an iconoclastic or iconophobic religion. They attached the word ṣūra [“image”] to a creative gesture and specified that it could only be accomplished by God only. But archeological sources testify that the rule was neither immediate nor implemented severely. The Quran itself illustrates some tension to the extent that, in one verse, some “djinns” are mentioned as the authors of “statues”. It would thus be more relevant to say that this religious tradition is connected with some form of aniconism. In the modern era, these rules have been jeopardized by photography, whether animated or not. From time to time, Sunni jurists have bypassed some proscribed uses and justified the change. The latest example is the film performances of actors who represented people from the close circle of Muhammad’s “Companions”.