
Langue française n° 168 (4/2010)
Pour acheter ce numéro, contactez-nous
Recevez les numéros de l'année en cours et accédez à l'intégralité des articles en ligne.
Les données de production d’enfants ajoutent à la variation inter-locuteurs, une variation intra-locuteur : à partir du stade des 50 mots et jusqu’à la stabilisation du lexique, un même enfant peut produire une variété de formes concurrentes parfois très différentes les unes des autres et ne reproduisant pas les usages adultes. Que reflètent alors (quantitativement et qualitativement) les variations produites par les enfants pour une forme lexicale donnée ? À partir de données longitudinales, l’article montre que, contrairement à l’intuition première qui voudrait que la variation mette en cause l’existence d’une représentation unifiée de la liaison, les productions enfantines pour l’acquisition de la liaison nous donnent la nécessité de formaliser la variation et de concevoir qu’il existe bien « un » français dans le sens où les déformations présentées répondent à une logique structurelle.
Children’s productions exhibit both inter-speaker and intra-speaker variation: from the 50-word stage to a stabilized lexicon, a given child may produce many different realizations of the same word that do not mirror adults’ uses. What do these variations mean (quantitatively and qualitatively)? On the basis of longitudinal data, this paper shows that we need a unified conception of phonology to account for the acquisition of the highly variable phenomenon of ‘liaison’ by French children.

