Littérature n° 175 (3/2014)
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Nulle civilisation peut-être plus que le Moyen Âge central européen n’a fondé sa production artistique et littéraire sur l’acte de remembrance, c’est-àdire sur le recours volontaire à la mémoire : mémoire volontaire des sources passées, récrites et dotées d’un sens nouveau, mémoire des oeuvres des prédécesseurs, menacées d’oubli, sollicitation de la mémoire du lecteur par des agencements textuels inspirés des arts de mémoire, telles sont les diverses manières, complémentaires, de l’écrivain médiéval, qui ne peut concevoir de « faire chose nouvelle » sans fort ancrage dans le passé.
Possibly more than any other civilization, Central European Middle-Ages have based their artistic and literary works on the act of remembrance, that is, the voluntary resort to memory : voluntary memory of the sources of the past, rewritten and endowed with a new meaning ; memory of the predecessors’ works, threatened to sink into oblivion ; an appeal to the the reader’s memory through textual schemes inspired by the arts of memory – such are the various complementary ways of the medieval writer, who cannot think of « doing something new » without a deep rooting in the past.