Romantisme n° 142 (4/2008)
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Dans L’Âne d’or , Apulée met en scène avec l’histoire de Psyché l’allégorie d’un trajet initiatique de l’âme qui réintègre sa nature divine, légitimement unie au terme de ses épreuves au dieu Amour. Il est intéressant de voir comment Nerval et Gautier, ces frères en romantisme, actualisent ce grand schème néoplatonicien (dont l’un se réclame explicitement, et l’autre, implicitement), en particulier dans un ensemble de textes prenant la région napolitaine et ses mythes pour cadre, sous le signe d’Isis : « Isis » et « Octavie » pour l’un (mais aussi le Voyage en Orient ou Aurélia ), « Arria Marcella » et « Jettatura » pour l’autre (mais aussi le Roman de la momie ). On constate alors que chez Nerval la structure initiatique mise en place n’aboutit qu’au culte mélancolique et mortifère d’une mèreidole ; alors que chez Gautier, les mêmes prédispositions n’engendrent pas les mêmes effets, par suite de la constitution fétichiste de son désir comme de la représentation qu’il se fait de l’art. Mais là où Gautier recouvre l’angoisse du manque des fastes de son esthétisme, Nerval sait en communiquer la douleur à ses lecteurs en des moments d’exceptionnelle intensité.
In The Golden Ass , with the story of Psyche, Apuleius stages in allegorical form the soul’s initiatory journey, a journey which enables it to recover its divine nature and to be united with the god of Love. Nerval and Gautier, brethren in Romanticism, modernise this neo- Platonic paradigm (the former explicitly referring to it, the latter implicitly), in texts using a Neapolitan setting and Neapolitan myths, under the aegis of Isis : « Isis » and « Octavie », as well as the Voyage en Orient and Aurelia for the former, « Arria Marcella » and « Jettatura » as well as the Roman de la momie for the latter. With Nerval, the initiatory pattern leads to the melancholy, cankered cult of an idol mother ; with Gautier, the same inclinations have different effects, because of the fetishistic nature of his desire and of his idiosyncratic conception of art. With Gautier, anxiety is veiled by the glamour of his aestheticism, but Nerval is able to convey pain in moments of exceptional intensity.