Langages n° 208 (4/2017)
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Le but de cet article est d’analyser comment la dichotomie langue parlée / langue écrite a été traitée dans les travaux des débuts de la linguistique historique en France – à la fin du XIXe siècle et dans le premier quart du XXe siècle. En observant plus particulièrement le rôle qui est accordé à cette opposition dans le changement linguistique, on constatera qu’il est pertinent de distinguer deux grands courants de pensée, qui débouchent sur des approches sensiblement différentes : la tradition de la linguistique française et celle de la linguistique générale. La première ne parvient pas à exploiter les voies novatrices tracées par Paris et par M. Bréal, et se caractérise par une certaine mise à l’écart de la langue orale ; la seconde, représentée par des saussuriens, comme C. Bally ou A. Sechehaye et par les indo-européanistes, comme A. Meillet, prend mieux en compte la spécificité de la langue parlée.
This article analyses how scholars addressed the dichotomy between spoken language and written language in the beginnings of historical linguistics in France, namely at the end of the 19th century and in the first quarter of the 20th century. By focusing on the role given to this opposition in linguistic change, we find that two important currents of thought can usefully be distinguished, resulting in appreciably different approaches: the tradition of French linguistics and that of general linguistics. The former does not succeed in exploiting the innovative pathways traced by Paris and M. Bréal, and is characterized by some sidelining of the spoken language ; the latter, represented by Saussurean scholars, such as C. Bally or A. Sechehaye and Indo-Europeanists, such as A. Meillet, takes into account the specific features of spoken language more adequately.