LITTÉRATURE Nº203 (3/2021)
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Tant Emmanuel Carrère, avec D’autres vies que la mienne (2009), qu’Ivan Jablonka, avec Laëtitia ou la fin des hommes (2016) s’efforcèrent de sauver de l’invisibilité et de l’inaudibilité des « vies de peu ». Dans cette perspective, leurs récits choisirent d’adopter une stratégie particulière, l’empathie. Les deux auteurs eurent ainsi recours aux ressources de l’art narratif pour se projeter, par l’imagination, dans la vie des autres. Cet article se penche sur les techniques similaires mises en oeuvre par Carrère et Jablonka, alors même qu’ils construisaient des images éthiques différentes d’eux-mêmes. Ou plutôt, des fictions d’eux-mêmes, enchâssées dans un réel en attente de reconfiguration.
Both Emmanuel Carrère’s D’autres vies que la mienne (2009) and Ivan Jablonka’s Laëtitia ou la fin des hommes (2016) sought to retrieve “insignificant lives” from their invisibility and inaudibility. In order to achieve this, their respective accounts chose to adopt a specific strategy, empathy. This implied that the two authors had to use the art of story-telling to project themselves, through the work of the imagination, into the lives of others. This article studies how Carrère and Jablonka used similar narrative techniques while nevertheless constructing different ethical images of themselves. Or rather, fictions of themselves, embedded in a real awaiting reconfiguration.