LITTÉRATURE Nº204 (4/2021)
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Pendant les dictatures chilienne et argentine, la surveillance a pris, parmi d’autres formes, celle de la censure extrême. Censure de l’État, cet observateur qui s’affirmait omniscient comme omnipotent, mais aussi autocensure des individus qui se surveillaient eux-mêmes pour limiter les risques d’être pris « en faute ». Dans ce cadre, de nouvelles formes de création ont vu le jour, avec des propositions qui faisaient appel à des stratégies de détournement dont on analyse ici les enjeux esthétiques et les transformations formelles au fil des générations. À travers l’étude d’oeuvres peu connues en Europe, on montre comment, de la mémoire à la post-mémoire du traumatisme, la création littéraire et artistique est hantée par la surveillance, devenue forme de vie.
During the Chilian and Argentinian dictatorships, surveillance has, among other forms, assumed extreme censorship. Censorship of the State, a selfasserting omniscient as well as omnipotent observer, but also self-censorship of the individuals who watched themselves over to limit the risks of being „caught out «. In this frame, new forms of creation appeared, which proposed strategies of diversion of which we analyze here the aesthetic issues and the formal transformations all along the generations. Through the study of works little-known in Europe, we show how, from the memory to the postmemory of the trauma, literary and artistic creation is haunted by surveillance, which has become a form of life.