Au XIXe siècle, le temps du journal remplace les formes de temporalité véhiculées par les médias plus anciens : au temps cyclique des almanachs, temps sacré de la répétition obéissant au rythme de la nature, et au temps spatialisé des gazettes, qui construisent le récit de l’histoire en cours en fonction de la distance qui les sépare des événements, le quotidien substitue une forme de présent permanent, fondé sur la linéarité et le primat de l’événement, provoquant le sentiment d’une accélération du rythme de l’existence. Cette mise en scène d’une instabilité chronique fonctionne pourtant selon des logiques cycliques, et les rubriques deviennent une grille d’appréhension du monde qui transforme la succession des événements en série. Les écrivains s’accommodent de ce nouvel état des choses en construisant leur existence médiatique dans le temps, transformant leurs oeuvres en feuilletons à suivre.