Romantisme n° 176 (2/2017)
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Encore pratiquée au XIXe siècle, la littérature néo-latine souffre désormais d’un défaut de légitimité. L’une des raisons de cette perte de crédit réside dans l’émergence d’une conception nouvelle de la langue, qui devient indissociable du peuple qui la parle. Jean Dominique Fuss, poète latin tardif, se bat pour défendre sa langue première d’écriture. Parmi ses cibles, on trouve Nicolas Boileau et Voltaire. Ceux-ci placent l’écrivain néo-latin face à une alternative bien peu réjouissante : bricoler un texte nouveau à partir de morceaux des textes anciens ou renoncer à écrire correctement. Pour revaloriser la production néo-latine, Fuss s’emploie à démontrer, d’une part, que toute langue littéraire est une langue « morte », d’autre part, que l’imitation des Anciens n’empêche en rien l’originalité.
Neo-Latin literature, which was still being practiced in the 19th century, was nonetheless suffering a crisis of legitimacy. One of the reasons for this loss of interest was the emergence of a new conception of language as inseparable from the people who speak it. Jean Dominique Fuss, a late Latin poet, fought to defend his chosen language of written expression. Among his targets, Nicolas Boileau and Voltaire. These authors place the neo-Latin writer in an uncomfortable dilemma : either cobbling a new text together out of old Latin texts, or giving up on writing anything resembling literature at all. In order to revalorise neo-Latin production, Fuss endeavoured to show that, on the one hand, all literary languages are “dead” languages, and, on the other, that the imitation of the Ancients does not in the least hinder originality.