Romantisme n°184 (2/2019)
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Quelques représentations fameuses ont mis en scène les relations qui, au XIXe siècle, unissent peintres, écrivains, musiciens, critiques, mécènes et collectionneurs, contribuant ainsi à l’édification d’un véritable mythe fondateur. Au lien sororal qui inscrivait les relations entre poésie et peinture dans le cadre humaniste de l’Ut pictura poesis se substitue la fraternité artiste, fondée sur des engagements esthétiques partagés : l’entente n’est pas donnée d’emblée, prescrite par la poétique, elle est gagée sur l’œuvre dans laquelle chacun est engagé. C’est dire que ces unions sont, par définition, fugaces. Face à elles se dessinent des alternatives « fondamentalistes », des retours : à l’imagerie populaire, aux primitifs italiens. Et se dresse un défi : celui d’une modernité à double visage, la démocratie étant pour certains le fourrier de l’uniformisation culturelle.
A small number of famous representations have staged the relations which, in the 19th century, link painters, writers, musicians, critics, sponsors and collectors, thus contributing to a veritable founding myth. To the sorority linking poetry and painting in the humanistic frame of ut pictura poesis succeeds artistic fraternity, based on shared aesthetic commitments : understanding is not a given, prescribed by poetics, it depends on the work each artist is engaged in. In other words, these unions are by definition fugitive. Alternatives emerge opposite, «fundamentalist» ones, returns : to popular imagery, to the Italian primitives. And a challenge arises: that of a two-faced modernity, democracy constituting for some the precursor of cultural uniformization.