Romantisme n°189 (3/2020)
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En 1861, l’artiste utopiste WilliamMorris produit ses premiers papiers peints à la planche, une technique de production artisanale préindustrielle en accord avec les idéaux préraphaélites.Morris est aujourd’hui souvent décrit comme une figure de proue du socialisme et un pionnier de la pensée écologiste, mais il était également actionnaire puis membre du conseil d’administration de la mine de cuivre Devon Great Consols et a utilisé des pigments toxiques à base d’arsenic dans ses ateliers. Cet article se propose d’enquêter sur cette apparente contradiction. En replaçant les idées de Morris dans le cadre des débats contemporains sur la toxicité de l’arsenic et sur les causes des maladies, cet article permet de mieux comprendre le processus d’effacement des risques environnementaux liés à la production de ces papiers peints arsenicaux et de mieux définir la pensée environnementale de Morris.
In 1861, the utopian artist William Morris started to produce block-printed wallpapers to defend the Pre-Raphaelite ideals of pre-industrial artisanal production. Often celebrated as a pioneer of environmentalism and hailed by E.P. Thompson as a prominent socialist thinker, Morris was however also a shareholder and member of the board of directors of the copper mine Devon Great Consols, which produced arsenic as a by-product. This article explores the divergence between Morris’s critique of environmental pollution and his use of toxic arsenical pigments in his workshops between 1864 and 1872. Placing Morris’s ideas within the broader context of contemporary debates on the toxicity of arsenic and on the causes of disease, it explains how environmental risks tied to the production of these wallpapers could be minimized by Morris and his peers, while also redefining Morris’s environmentalism.