ROMANTISME N°192 (2/2021)
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L’article propose l’analyse d’un texte que le mémorialiste Pedro Rioux de Maillou consacre à la fin du XIXe siècle à une lecture de Hernani par Victor Hugo en 1830 : dans ce « souvenir d’un autre », le polygraphe choisit de combler une lacune dans les témoignages de la « génération de 1830 », laquelle passe souvent sous silence les descriptions de ces moments cénaculaires pourtant passés à l’état de mythologies. Mais si elle a tout d’une création complète, la scène nous renseigne doublement sur les « résistances de l’oralité » qui marquent, d’un bout à l’autre, le XIXe siècle : d’abord parce que son luxe de détails révèle par contraste le caractère fragmentaire des informations de première main dont l’on dispose pour fixer l’aura de ces lectures romantiques ; ensuite parce qu’elle permet de mieux appréhender le processus de sacralisation dont la parole romantique est a posteriori l’objet.
This paper focuses on a text written by the memorialist Pedro Rioux de Maillou at the end of the 19th century concerning a reading of Hernani by Victor Hugo in 1830: in this « memoir from another memory », the polygraph has chosen to fill a void in the testimony from the « 1830 generation », which indeed does often stay silent about these ultimate insider ceremonies despite their having becoming the stuff of myth. But even if the scene has all the hallmarks of a total fabrication, it does inform us, twice over, regarding the « oral resistance » characteristic of the whole of the 19th century : first because its abundance of detail reveals through contrast the fragmentary nature of the first-hand accounts which we do have and rely on to arrest the aura of these romantic readings ; and then because it enables us to better understand the process of sacralisation of which romantic discourse has been a posteriori the object.