Carrefours de l'éducation n° 41 (1/2016)
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Appuyé sur l’analyse d’un corpus d’articles parus dans la presse française d’information générale entre 1959 et 2008, cet article s’interroge sur la récurrence des débats provoqués par les projets de réforme successifs depuis les années soixante. Il met en évidence le pouvoir de captation d’une polémique répétitive qui, en opposant de façon apparemment symétrique des camps dits « républicain » et « pédagogue », parvient à imposer des catégories de perception du monde scolaire soutenues par des réflexes identitaires plus que par des convictions philosophiques. Une analyse des évolutions de la façon dont la presse aborde les questions d’éducation sur un demi-siècle montre que cette querelle, systématiquement initiée par des réactions antipédagogistes, répond idéalement aux attentes des médias. On constate de plus que le refus des réformes qui la motive participe d’une entreprise de revalorisation identitaire qui rencontre les inquiétudes d’un groupe social, au croisement du monde enseignant, journalistique et intellectuel, dont les transformations de l’École bouleversent les repères identitaires.
The paper focuses on a corpus of articles published in the general press in France between 1959 and 2008, in order to analyse the recurrence of the debates arising at each new reform project since the sixties. It shows the way a repetitive polemic manages to capture the public’s attention by opposing apparently symmetrical camps, those of the “republicans” and of the “pedagogues”, which impose the perception of schools through categories sustained by identification with agents rather than philosophical conviction. An analysis of the evolution of the way the press has presented these educational issues over the past 50 years shows that the polemic, systematically initiated by anti-pedagogical reactions, is an ideal response for the media to make use of. The refusal of reform, which characterises it, turns out to sustain the need for revalorisation of an identity under pressure, that of a social group comprising teachers, journalists and intellectuals, whose reference points are put in question by school reform.